Visionnaire de l'invisible
La littérature
Contre la bienveillance
Yves Michaud
(Stock - 2016)
Aimer sans servir la justice, est-ce aimer vraiment ?
Le peuple juif s’est enrichi de la sagesse grecque pour approfondir le mystère de Dieu. Aujourd’hui, les disciples de Jésus sensible à la miséricorde de Dieu peuvent-ils aussi s’enrichir de la réflexion de philosophes contemporains qui réfléchissent sur nos réactions face à la crise qui nous déstabilise?
Notre pays est profondément touché par le fondamentalisme religieux, par la montée des populismes de droite comme de gauche, par le rejet de la construction européenne, par le discrédit de la classe politique et de beaucoup d’institutions, qu’elles sociétales ou religieuses.
Yves Michaud, spécialiste de philosophie politique et d’esthétique, dénonce dans son dernier livre Contre la bienveillance, et la tyrannie des bons sentiments, et la politique de l’émotion et de la compassion.
Il professe que l’on ne peut bâtir une communauté humaine uniquement sur la bienveillance, la sollicitude, l’attention. Le soin (le ‘car’ dans le langage à la mode) entraîne une cascade de conséquences inacceptables. « L’obsession de la bienveillance et du soin conduit à accepter toutes les différences, pour peu qu’elles invoquent les excuses de la vulnérabilité, de la souffrance et de la minorité, elles favorisent donc les revendications communautaristes qui s’avancent masquées sous des dehors de plaintes. » (p 115) L’obsession de la bienveillance fait aborder avec une certaine compassion les plaintes qui valident et renforcent les revendications populistes et démagogiques.
Les récents événements qui ont marqué les peuples américains, belges et français ont eu le mérite de ramener ces peuples au réel. « Il importe donc d’ouvrir les yeux et de nous réveiller des illusions de la croyance religieuse, du populisme et de l’idéalisme humanitaire. » (p157) Bienveillance et vision morale de notre monde nous rendent aveugles et muets alors qu’une politique basée sur la justice et visionnaire d’un avenir ouvre les yeux et donne la parole au peuple. « C’est cette capacité de vision en se projetant à partir des faits qui est à retrouver. » (p 161)
Pendant l’année, beaucoup d’entre ont été abreuvés par les commentaires des nouvelles. Ce temps de repos permet de prendre du recul et de ne plus être prisonniers de la façon d’analyser les événements dont nous abreuvent les medias.
Ce livre nous provoquera à penser par nous-mêmes, à nous libérer de fausses évidences et nous libérer d’idées toutes faites.
Juin 2016 - R. Pousseur
Merci a cet internaute qui nous a partagé ses réactions :
« Intéressant ..mais ce n’est pas l’idée que je me fais de la Bienveillance....A mes yeux la Bienveillance c’est beaucoup plus que l’empathie superficielle et médiatique de beaucoup de nos responsables politiques ...Les larmes de crocodile” c’est nul “ et elles trompent de moins en moins de monde ..mais pleurer ,en silence et discrètement avec la mère qui vent de perdre son enfant.. ou la personne âgée seule ,malade qui redoute la nuit et la solitude sont à mes yeux des actes de Bienveillance au sens noble du terme… »