Recherche dans le site

 

 

 

 

 

Accéder à la liste par AUTEUR

 

Accéder à la liste par TITRE

 

La page des livres non encore listés

 

L'ouvrage précédent :
L’ultime secret du Christ

L'ouvrage suivant :
Les chrétiens face aux migrants

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Visionnaire de l'invisible
La littérature


Soyez dans la joie et l'allégresse
GAUDETE ET EXSULTATE
Pape François - Salvator 2018

 

Soyez dans la joie et l'allégresse

Quand on parle de « sainteté », on pense tout de suite « perfection ». Comme on dit : "Ce n’est pas un saint !" Au risque de vous surprendre - plutôt en vous libérant qu’en vous scandalisant, je l’espère ! - je voudrais dire d’emblée que la sainteté n’est pas la perfection. Je m’explique.

Un peu d’humour… "Saint" Jean-Paul II est saint… mais il était assez loin de la perfection ! Par exemple. Pour la nomination des évêques, au moins en France, il a laissé s’installer un système de lobbying : si bien qu’il valait mieux être recommandé par l’abbaye de Solesmes ou par le journaliste André Frossard que présenté par les évêques de la région, selon la procédure collégiale officielle… Au Chili de Pinochet, il a accepté d’expurger du Magnificat de la phrase « Il renverse les puissants de leur trône, il élève les humbles ». Pourquoi ? En raison de la pression des autorités civiles qui craignaient que « le peuple interprète mal ces paroles »… C’est vrai, nous ne sommes pas parfaits. Mais nous pouvons quand même devenir des saints. Comme Jean-Paul II ; et bien d’autres. Vous voyez que tous les espoirs nous sont permis !

La clef pour ouvrir la porte de la sainteté

En voici la clef. Elle est très simple. Vous la connaissez déjà, même si vous n’avez peut-être pas pensé à vous en servir pour ouvrir la porte de la sainteté. En ce qui concerne la Loi, les commandements - c’est-à-dire les valeurs humaines et les règles de vie-, le judaïsme n’a pas grand-chose à apprendre. Or il se trouve que les pharisiens et les autorités, qui étaient les plus à cheval sur les valeurs et les règles de vie, sont ceux qui se sont opposés le plus farouchement à Jésus. Au point de le faire condamner à mort. Pourtant Jésus n’était pas du tout venu abolir la Loi juive ; il disait lui-même qu’il était venu l’accomplir, l’amener à sa plénitude.

Quand la loi ne s’enracine pas dans l’amour

Alors où est donc le problème ? Pour Jésus - pour Dieu ! - respecter les valeurs, observer la Loi ne pose pas question… mais cela ne suffit pas. Cela ne suffit pas pourquoi ? Parce que Jésus constate que les règles de vie des Hommes, même les meilleures, même inspirées par Dieu, deviennent des carcans si elles ne s’enracinent pas dans leur source profonde : un amour/une bienveillance/une miséricorde envers les Hommes semblable à l’amour/la bienveillance/la miséricorde qui est en Dieu.

Exemple : venir à la messe le dimanche, ce n’est quand même pas mal ! Mais si c’est seulement pour faire son devoir, ce n’est pas grand-chose… Et non seulement ce n’est pas grand-chose, mais ça peut devenir dangereux, humainement et spirituellement. Souvenez-vous de la parabole du pharisien et du publicain, le collecteur d’impôts. Oh ! Il était bien en règle, le pharisien ; mais du coup il regardait de haut ce pauvre publicain à la vie de bâton de chaise, et il s’estimait bien plus digne de se tenir devant Dieu et de prier que ce voyou (Lc 18,8-14). Aux yeux de Jésus, le mépris du pharisien envers son frère publicain et sa manière de faire le fier devant Dieu étaient bien pires que les faiblesses du publicain. Le publicain reconnaissait ses torts, il se confiait à la miséricorde de Dieu et il ne méprisait personne. Le pharisien, lui, était imbu de lui-même ; il n’avait pas d’amour dans le cœur. L’évangéliste Luc explique : « Jésus dit cette parabole à certains qui étaient convaincus d'être justes et qui méprisaient tous les autres » (Luc 18,9) Pour Jésus, le respect des valeurs et des commandements conduit à la dureté de cœur s’il n’est pas l’expression d’un amour : un amour de Dieu aussi bien que du frère. Paul le résume ainsi : « Une seule formule contient toute la Loi en sa plénitude : ‘Tu aimeras ton prochain comme toi-même’ » (Ga 5, 14). »[cf. n°60] [on trouvera la même chose dans la parabole du fils prodigue (Lc 15, 11-32), dans l’épisode de la femme de mauvaise vie qui vient pleurer sur les pieds de Jésus chez le pharisien Simon (Lc 7, 36-50), etc. etc.]. Comme le disait Jésus aux autorités juives de Jérusalem : « En vérité je vous le dis, les publicains et les prostituées arrivent avant vous au Royaume de Dieu. » (Mt 21,31). Ce jour-là, je crois qu’il ne s’est pas fait que des amis…

La sainteté n’est pas la perfection.

Jésus est venu pour dire : vous êtes tous aimés du Père, tous sans exception et tels que vous êtes. Laissez-vous donc aimer ; et, en retour, faites de tous vos gestes humains une démarche d’amour, que ce soit envers vos frères ou envers Dieu. C’est à ce niveau que se situe notre sainteté, au niveau de notre accueil de l’amour, et non d’abord au niveau de notre perfection dans le respect des valeurs et des règles de vie. Certes, la morale fait partie du meilleur de l’Homme. Mais le souci de la perfection devient vite un grand piège. Autrement dit, même la morale a besoin d’être sauvée par l’Évangile : en étant ré-enracinée par Jésus dans la bienveillance incroyable de son Père envers tous les Hommes, une bienveillance qui fonde notre fraternité entre humains…

Si vous pigez ça, vous avez compris la sainteté. Vous avez la musique ; il ne reste plus qu’à composer des variations sur cette musique pour en capter toute la richesse, toute la beauté… et pour essayer d’en vivre ! C’est ce que fait le pape François.

Il explique : « Nous sommes appelés à parcourir le chemin de l’illumination spirituelle que nous indiquait le prophète Isaïe quand il s’interrogeait sur ce qui plaît à Dieu : "N’est-ce pas partager ton pain avec l’affamé, héberger chez toi les pauvres sans abri, si tu vois un homme nu, le vêtir, ne pas te dérober devant celui qui est ta propre chair ? Alors ta lumière éclatera comme l’aurore" (Is. 58, 7-8). » [GE n°103].

Notez l’originalité : "Ne pas te dérober devant celui qui est ta propre chair" ; l’autre n’est pas de la même chair que moi, il est ma propre chair. C’est très audacieux. Jésus portera cette fraternité universelle fondamentale à son sommet dans sa grande parabole du jugement dernier : « J’ai eu faim/soif etc. et vous m’avez donné à manger/à boire etc. … Ce que vous avez fait au plus petit, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,35-39). La parabole du bon Samaritain est de la même veine (Lc10,25-37). Et Paul dira que nous formons le Corps du Christ (1Co 12,27 ; Col 1,18,24 ; 3,15 ; Eph 1,22-23 ; 3,6 ; 4,4 ; Rm 12,4-5).

"L’illumination spirituelle" : le don de nous-mêmes à tous nos frères sans exception

Mais attention ! En cherchant à vivre cette fraternité universelle, il ne s’agit pas d’un devoir de charité. Il s’agit de rien de moins que de notre "illumination spirituelle". François s’en explique juste après : « Nous pourrions penser que nous rendons gloire à Dieu seulement par le culte et la prière, ou uniquement en respectant certaines normes éthiques, et nous oublions que le critère pour évaluer notre vie est, avant tout, ce que nous avons fait pour les autres. La prière a de la valeur si elle alimente un don de soi quotidien par amour. Notre culte plaît à Dieu quand nous y mettons la volonté de vivre avec générosité et quand nous laissons le don reçu de Dieu [son amour pour nous, tels que nous sommes] se traduire dans le don de nous-mêmes aux frères. » « La meilleure façon de discerner si notre approche de la prière est authentique sera de regarder dans quelle mesure notre vie est en train de se transformer à la lumière de la miséricorde. En effet, "la miséricorde n’est pas seulement l’agir du Père, mais elle devient le critère pour comprendre qui sont ses véritables enfants". » [n°104.105]

Nous sommes appelés à la sainteté parce que nous sommes aimés de Dieu

Voilà donc la sainteté à laquelle nous sommes appelés. Et vous comprenez bien que nous y sommes tous appelés, puisque nous sommes tous aimés ! Il n’est pas facultatif d’entrer activement dans « l'amour de Dieu [qui] a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit saint qui nous a été donné » (Rm 5,5). Ce qui est en jeu, ce n’est pas un héroïsme ; c’est une plénitude de vie. C’est, comme le dit encore François, « la vraie vie, le bonheur pour lequel nous avons été créés. » [GE n°1]

 

 

 

juin 2019 - Jacques Tessier 

 

 

 

La page du site de l'éditeur

 

Haut de page