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Visionnaire de l'invisible
La littérature

Laëtitia ou la fin des hommes
Ivan Jablonka
(Seuil - 2016)

 

Il n’y a pas que le Moyen Orient qui enfante des barbares

 

Laëtitia ou la fin des hommes

     Aujourd’hui, les médias ont dressé le portrait type du barbare : un ou une islamiste qui, au nom de Dieu, tue ceux et celles qui ne pratiquent pas la charia. Quand on découvre la vie de Laëtitia grâce au livre de Ivan Jablonka, on découvre que les barbares ne sont pas seulement ceux et celles qui viennent du Moyen Orient.  Laëtitia avait 18 ans quand elle a été enlevée, poignardée, étranglée et méthodiquement découpée à la scie et les morceaux de son corps jetés dans deux étangs. Cet acte barbare a pris naissance dans notre société occidentale. Ivan Jablonka, historien et journaliste, est l’auteur de la biographie de Laëtitia. Il a  fait son portrait en ces termes : « Laëtitia est une maison dont les portes et les volets sont fermés; les clés, perdues»(p.87) Pour Laëtitia, dés son plus jeune âge, le mal n’a pas été un inconnu. Est-ce que les parents  de Laëtitia et la société ont une part de responsabilité qui ont amené leur enfant à fermer portes et fenêtres pour se protéger du mal ?

Quand j’ai dit à un ami que je faisais la recension de ce livre, il a eu cette réaction. « Pourquoi donner tant d’importance à ce livre qui raconte un acte isolé.» Et pourtant, il suffit d’écouter la radio ou de regarder la télévision pour s’interroger : des jeunes au lycée poignardent leur copine par dépit amoureux, un médecin urgentice se voit briser les deux poignets par un patient impatient, des femmes harcelées, battues… Combien de trafiquants de drogue font de victimes par an à Marseille ? Quand on regarde la série Narcos qui raconte la vie d’un chef de gang spécialisé dans le trafic de drogue en Amérique du sud, le spectateur est bien devant des barbares.

Quand on lit la biographie de Laëtitia et qu’on a en mémoire la violence aux mille visages, on se butte sur  l’énigme du mal. Le mal est-il une absence ? Le mal moral est-il le refus de s’engager pour un bien dans le monde, ou la volonté maligne ? Pourquoi le mal physique se traduit si souvent par une souffrance ? Cette souffrance est-elle une alarme comme quoi, dans notre corps, il y a une fonction qui est blessée ?  Le mal métaphysique est-il faire l’expérience de ses limites et de sa finitude qu’est la mort ? C’est le mal physique qui est le plus révoltant : « Pourquoi est-ce que je souffre ? »

Le mal est là. Au cours des siècles, on a culpabilisé l’homme pour ne pas remettre en cause Dieu créateur du monde. Certains ont pensé que Dieu avait raté sa création puisque le mal règne D’autres ont avancé que sa bonté est une légende puisque Dieu reste silencieux quand un enfant souffre ou qu’un innocent est tué. Puisque Dieu est hors course, on a culpabilisé la société pour déculpabiliser les innocents victime du mal. Au 20ème siècle, l’idée de progrès était dans toutes les têtes mais Auschwitz, Hiroshima, le sida... ont cassé ce rêve. Le mal est-il imbattable ? L’homme a-t-il tendance d’oublier d’où vient le mal, ce mal qui est à l’intérieur de chacun être humain ?

L’histoire de Laëtitia n’est pas que sombre. Elle a vécu dans une famille d’accueil ou elle était heureuse. Quand sa sœur jumelle s’est retrouvée seule, elle a supplié sa famille d’accueil de l’adopter. Les services sociaux l’ont aidé à acquérir des compétences et trouver un travail rémunéré au Smic. Les policiers, les gendarmes et les juges ont travaillé des heures et des heures en espérant la retrouver vivante. Mais en fin de compte, le mal a été plus fort.

Il n’est pas anodin que ce livre ait comme sous-titre : La fin des hommes.

 

Octobre 2016 - R. Pousseur 

 

 

 

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