Visionnaire de l'invisible
La littérature
'Les blancs m’ont refilé un Dieu moribond'
Gaston Kelman
Desclée de Brouwer - 2007
Les blancs m'ont refilé un Dieu moribond
Gaston Kelman, écrivain et chroniqueur est surtout connu en Afrique et en France pour son livre qui eut un grand succès : Je suis noir et je n’aime pas le manioc. Dans Les blancs m’ont refilé un Dieu moribond paru chez DDB en 2007, il nous livre ses réflexions sur l’histoire de sa foi. Il le fait sans rien renier de sa culture africaine tellement marquée par la joie de la vie et l’art du palabre. La façon dont il partage son cheminement ressemble étrangement à une danse :
Qu’ils aient tué Dieu,
passe encore.
Mais ce qui m’agace,
c’est qu’ils l’ont tué
juste après me l’avoir refilé.
L’auteur a un profond sens de la justice. Il ne trouve aucune raison qui puisse justifier le colonialisme car il procède d’une vision non égalitaire des hommes. Mais, objecteront certains, la colonie a quand même apporté l’éducation, les médicaments, les routes …. Comme si on trouvait un rôle positif à la guerre car elle permet à certains de se révéler un héros ! L’auteur nous communique aussi sa lucidité quand il écrit : « Il n’y avait pas un seul blanc qui pensât que les hommes noirs étaient égaux aux Blancs. Et les prêtres étaient des blancs. » Mais il ajoute plus loin : « Il y avait ceux qui pensaient que les jeunes Noirs pouvaient accéder à leur civilisation à travers l’éducation, ces mêmes blancs qui ont blanchi frauduleusement la famille du Christ. »
Les blancs ont refilé aux noirs un Dieu moribond. En lisant ce livre, on découvre que les noirs sont capables non seulement de rendre vie à notre Dieu mais de le rendre si proche. Dieu doit aimer l’Afrique car là, Il a une vitalité sans pareille. Gaston Kelman illustre avec beaucoup d’humour que certaines formes classiques du christianisme dépérissent. Merci à Gaston Kelman de nous partager son lien avec Jésus avec tant de sérénité.
R.P.
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Illustration de © Robert de Quentin