Visionnaire de l'invisible
La littérature
'DIEU n’est pas ce que vous croyez !'
Jean-Marie Ploux
(Bayard - 2008)
Comment parler de Dieu
La Bible révèle que Dieu est toujours au-delà des mots et des images, qu’il est un Dieu caché. Alors, que dire de Dieu ? Comment parler de Dieu ? C’est à ces questions que Jean-Marie Ploux, prêtre de la Mission de France, s’affronte dans son livre ‘DIEU n’est pas ce que vous croyez !’ paru aux éditions Bayard. Et il le fait dans un langage limpide et qui provoque à remettre en question l’image que chacun se fait de Dieu. La culture dans laquelle on baigne permet de trouver, d’inventer des images et des mots pour exprimer sa foi en Dieu. Comme les cultures sont toujours en mouvement, c’est une exigence intellectuelle et spirituelle de mettre en question la façon dont on pense et parle de Dieu.
Pour ce théologien, une représentation de Dieu est juste quand elle sert la vie des hommes. Un Dieu « digne de l’homme est un Dieu qui aide l’homme à devenir plus humain et qui le libère de ce qui en lui ou en dehors de lui, le déshumanise. » (p.21)
Dans l’univers traditionnel, il allait de soi que les fondations de la ‘maison de l’homme’ étaient divines. La modernité a été perçue comme un véritable tremblement de terre qui a mis à mal ces fondations : Marx a pensé que Dieu a été inventé pour garantir l’ordre social ; Freud pense qu’on a imaginé Dieu pour supporter la culpabilité et répondre au désir de l’immortalité ; Nietzsche affirme qu’avec la promesse du Ciel, l’homme se contente d’un vie médiocre. Ces coups de boutoirs ont provoqué les croyants à remettre en question leur foi ou à chercher une autre manière de croire en Dieu, non pas en disant le contraire de nos prédécesseurs mais en pensant autrement. Le psaume 103 qui chante les merveilles de Dieu, maître de la nature, ne serait sûrement pas écrit de cette façon par un mystique contemporain attentif aux drames provoqués par la nature.
Jésus n’a-t-il pas dû remettre en question la foi que ses parents lui ont transmise ? C’est sans doute le sens de son cri qu’il a lancé cloué sur la croix : « Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Jésus qui manifeste Dieu a été un homme ordinaire. Ses gestes sa manière de vivre, ses paroles de vie, son langage des signes que sont les paraboles ont été compris comme une nouvelle façon d’être en lien avec Dieu qu’il appelait ‘Abba, Père’. Ce Père s’est fait prochain des hommes en allant à leur rencontre. C’est en contemplant Jésus et sa façon de vivre humainement que les disciples ont commencé à deviner le vrai visage de Dieu. Ce fut une véritable révolution intellectuelle et spirituelle pour eux car ils ont dû renoncer à l’idée qu’ils se faisaient de Dieu, le créateur du ciel et de la terre et de son action dans le monde.
Pour découvrir le visage de Dieu révélé par Jésus, il faut prendre parti pour lui, pour les justes persécutés, pour ceux qui luttent pour la liberté de conscience, pour ceux qui bâtissent un monde plus humain. L’Esprit Saint qui est donné à tout homme ressemble à un ‘courant d’air’ qui empêche l’homme de s’endormir à cause de son conformisme, ses certitudes, ses vérités acquises et définitives…
Prendre parti pour découvrir le visage de Dieu révélé par Jésus. « Dieu n’est d’aucune utilité, il n’est pas utilisable, ni rentable, il ne sert à rien. Il se propose pour accompagner le monde et surtout l’humanité dans leur longue histoire. Il s’y risque lui-même, sans défense, vulnérable mais avec sa confiance et son amour. Dieu a une histoire entrelacée avec celle de l’humanité et il en est changé. » (p. 126) Dire que Dieu n’est d’aucune utilité peut surprendre. Cette expression peut paraître étonnante surtout quand on a en mémoire ce que l’auteur affirme au début de son livre : ‘Dieu aide l’homme à devenir plus humain et le libère de ce qui en lui ou en dehors de lui, le déshumanise.’ Dieu aide l’homme parce qu’est amour offert et reçu : « Tout ce qui est à moi est à toi comme tout ce qui est à toi est à moi… » (Jn. 16-10)
Si vous ne craigniez pas que votre vision de Dieu soit remise en cause, n’hésitez pas à vous laisser interroger par ce livre.
Juin 2011 - R. P.
