Visionnaire de l'invisible
La littérature
De la foi
Joseph Pieper
(Ad Solem - 2011)
A quoi pensent réellement les hommes
quand ils parlent de la foi ?
La foi ne consiste pas à donner son assentiment à des faits. On peut tenir les enseignements du christianisme pour vrais parce que leur cohérence impressionne, leur profondeur originale fascine.
Alors, qu’est-ce que la foi ?
Pour Josef Pieper, philosophe allemand, spécialiste de Platon, Aristote et Thomas d’Aquin, opposant au régime nazi, la foi est de donner son assentiment à quelqu’un, c’est faire confiance au témoignage de quelqu’un. Croire à quelqu’un est faire un pas qui ne peut être franchi qu’en toute liberté. Le cardinal Newman qui a beaucoup réfléchi à sa foi en Jésus écrit : « Nous croyons parce que nous aimons » car sans amour on ne peut se remettre entièrement et librement à Quelqu’un.
En croyant en Jésus, l’homme part à la connaissance de Dieu qui dit de Lui qu’Il est ‘Trinité’ et que le Fils s’est incarné. Le croyant a confiance en Dieu qui livre son amour à l’homme et l’ouvre à son être qui est amour. Par la foi, cette révélation se fait ‘humaine’ dans la culture du croyant afin que le croyant soit capable de saisir par lui-même le sens. La définition de la révélation par Saint Thomas reste donc bien actuelle : Elle est « la communication d’une lumière spirituelle intérieure grâce à laquelle la connaissance humaine est rendue capable de percevoir ce qui ne lui est pas accessible par ses lumières propres. » (p. 85)
L’auteur, reconnu comme un maître en philosophie par Benoît XVI, pose la question: « Pourquoi l’homme devrait-il dépendre d’éléments, que non seulement il ne pourra pas découvrir par lui-même, mais dont il n’est pas en mesure de vérifier l’exactitude ? » (p. 67) La réponse dépend de l’idée que l’on se fait de l’homme et de la foi qui ne peut se définir uniquement comme étant une adhésion à des dogmes fondamentaux d’une religion comme la définit Kant. Toujours entre les mains du potier, l’homme est un être d’argile, en attente d’une intervention de Dieu. L’homme reste ouvert à une révélation possible qui ne relève pas du ‘surnaturel’. Pour cet être fragile, une inquiétude de la pensée demeure dans la foi car l’esprit se meut non pas sur son propre terrain mais en territoire étranger.
Aujourd’hui, beaucoup de nos contemporains pensent que Dieu n’a plus sa place dans notre monde ou qu’il habite la ‘pièce d’à côté’. Pourtant, croire donne à l’homme la capacité d’écouter la part de vérité que possède l’autre. Si l’homme perd cette capacité, il risque de vivre dans un monde « au cœur du temps bruyant… un infini mutisme. » (Citation de Konrad Weiss p. 91)
Mars 2012, R Pousseur