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Visionnaire de l'invisible
La littérature

Vatican II comme style
Joseph Famerée
(Cerf - 2012)

 

Se rapporter au Christ Jésus à partir du monde contemporain

 

Le style du concile Vatican II suscite des interprétations théologiques qui pourraient se résumer en deux questions : N’a-t-on pas tendance à ‘dogmatiser’ l’enseignement du concile Vatican II alors que celui-ci se voulait pastoral ? N’est-il pas essentiel de ressaisir le Concile comme style ou geste théologique car le style de Concile est une manière d’interpréter les Ecritures et la Tradition chrétienne, une manière de se rapporter au Christ Jésus hic et nunc à partir du monde contemporain ?

Des théologiens des universités catholiques de Paris, de Louvain, de Laval et du centre Sèvres, interpellés par ces questions,  ont mené une profonde réflexion, rapportée dans ce livre : ‘Vatican II comme style’.

Joseph Famerée de l’Université catholique de Louvain-la-Neuve qui a dirigé cette réflexion, ouvre le débat en soulignant que le Concile a repris le style des Pères de l’Eglise qui est de l’ordre de l’invitation, du dialogue et de la réconciliation. Ce style révèle une manière d’être dans le monde, de l’habiter d’une façon singulière en vivant la fraternité avec tous les hommes, en s’enrichissant par la réciprocité, en appelant à la liberté de conscience…

Est-ce qu’après le Concile, les Pères sont restés fidèles à ce style, cette façon d’habiter le monde, en cherchant le dialogue pour le bien de tous les hommes ? On risque de flirter avec un retour au genre judiciaire qui a marqué les conciles modernes. En prenant à bras le corps cette question, Guy Jobin de l’Université de Laval au Québec fait une remarque importante : « Il me semble qu’un locuteur qui utiliserait le genre judiciaire abuserait d’une forme d’autorité qui ne siérait pas à l’énonciation pastorale dans les conditions de notre temps. La parole magistérielle pastorale doit prendre en compte que la pluralisation de son auditoire s’effectue tant dans l’Eglise que hors les murs. » (p. 34)

Walter Lesch de l’Université catholique de Louvain-la-Neuve, pense qu’il vaut mieux éviter une fétichisation des textes du concile car ils risquent de devenir une nouvelle autorité suprême ou une source de légitimation pour stabiliser des positions déjà bien établies ou cautionner des démarches théologiques considérées comme délicates. Pour ce théologien, ce qui traverse la théologie postconciliaire est l’interprétation difficile entre ‘Eglise’ et ‘monde’.  « Pour les uns, la reconnaissance de l’autonomie du monde profane est incontournable et se fonde même sur une légitimation théologique. Pour les autres, cette reconnaissance est une capitulation, une compromission à l’égard d’une modernité majoritairement antireligieuse. » (p. 61)  L’auteur pense même qu’on peut affirmer que Vatican II a renforcé les tendances du catholicisme vers la modernisation et vers la sécularisation. Dès que l’Eglise ne se définit plus comme une réalité hors du contexte séculier, elle opère une révolution structurelle. Et le concile a opéré cette révolution  en respectant la dignité des laïcs, ce qui a amené à comprendre autrement la responsabilité partagée entre prêtres et laïcs avec des rôles complémentaires.  Et l’auteur pose une question qui taraude les chrétiens aujourd’hui : Appelés à être les témoins et les contemporains critiques d’un monde qui est pleinement le leur, y a-t-il une style typiquement chrétien qui devrait caractériser la vie des chrétiens dans ce monde ?

A cette question, Walter Lesch, de l’université catholique de Louvain, répond sans ambiguïté : «  Vatican II fait partie des facteurs qui ont rendu possible un style de vie chrétienne  qui ne doit plus tout le temps justifier ses spécificités face à un monde  considéré comme hostile, mais qui trouve sa place dans le tissu culturel de ce monde avec le plus grand bonheur. Dans une telle perspective, il n’y a aucune nostalgie d’une zone protégée perdue, mais le souffle d’une libération qui stimule la créativité et qui se situe volontairement dans un contexte marqué par la pluralité des convictions et la recherche d’une société plus juste. » (p. 62)  Ce théologien aborde aussi la question délicate de l’art sacré chrétien : « Malgré son aspect identitaire, l’art religieux de bonne qualité a toujours dépassé les frontières de la petite communauté des convaincus, pour dire la foi dans la société d’aujourd’hui pour contribuer même à l’héritage universel de l’humanité. » (p.64) Vatican II a définitivement mis fin au style exclusif d’un catholicisme centralisé et il a encouragé des expériences pour dire la foi dans la société d’aujourd’hui, avec ses nombreux modes d’expression, sans trahir le noyau du message. Cette réflexion rappelle l’importance du langage symbolique qui laisse deviner l’invisible et qui peut s’inculturer dans « de nombreux modes d’expression du monde séculier ».

A la suite de ces réflexions, D. Barnérias aborde la réalité de la paroisse comme style, tandis que L. Villemin, G. Routhier, J. Famerée, P. De Mey et A. Join-Lambert, étudient le style des synodes, des actes synodaux, Vatican II comme style œcuménique, le style pastoral et sa réception postconciliaire,  en posant la question : leur style est-il fidèle à Vatican II ?

Les théologiens qui ont collaboré à cet ouvrage ont sûrement conscience que la vie de l’Eglise ne se limite pas au concile, aux synodes, aux documents émis par la hiérarchie, à la vie paroissiale et œcuménique. Aussi, peut-on émettre le souhait que d’autres aspects de la vie missionnaire de l’Eglise soient étudiés ? Pour ne prendre qu’un exemple, nous pensons à ce qu’a vécu le diocèse de Saint-Denis à la pentecôte 2012. Dans ce diocèse s’est mise en place depuis quelques années, une pastorale des cités et des quartiers, à l’occasion de la visite pastorale de l’évêque dans les cités du département. Cet élan missionnaire s’est traduit par la naissance de petits groupes de chrétiens, vivant au cœur de ces quartiers, pour partager leurs conditions de vie et les événements qui touchent la vie des habitants. En se réunissant chez l’un ou chez l’autre, ils font une relecture de leur vie, éclairée par l’évangile. Ils prennent même l’initiative d’inviter leurs ‘voisins’ qui n’ont pas forcément la même démarche religieuse qu’eux, mais qui sont marqués par la même histoire et la même envie de changer les conditions de leur existence.  Le style de cette vie d’Eglise qui naît à l’initiative de ces groupes de quartier correspond bien à l’inspiration du concile Vatican II disant : « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur » (GS n°1).

 

 

Juin 2012, J-C. Faivre d’Arcier et R. Pousseur

 

 

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