Visionnaire de l'invisible
La littérature
La Bible entre culture et foi
Laurent Villemin
(Desclée de Brouwer - 2012)
La Bible au cœur de la culture et de la foi
‘La Bible entre culture et foi’ est un livre dédié au Père Touzard, contemporain de Loisy, tous deux professeurs à l’Institut catholique de Paris. Ce sulpicien a fait partie du vaste mouvement exégétique qui a bouleversé les études bibliques au cours du 19ème et du 20ème siècle. Il a pris en compte le contexte historique et géographique dans lequel la Bible à été écrite. Il a mis en relief avec d’autres exégètes que, dans la plupart des cas, la rédaction des textes s’est faite bien après les événements écrits et présuppose une période historique différente de celle laquelle le texte semble renvoyer. Le Pentateuque qui a été rédigé par plusieurs auteurs en est une illustration. Rome condamne cette thèse présentée par Père Touzard dans le ‘Dictionnaire apologétique de la foi chrétienne’. Un vieux professeur disait à ses élèves : « La meilleurs façon, pour un exégète, de devenir veuf, c’est d’épouser la mode. » (p.108)
Cet ouvrage est loin de n’intéresser que les exégètes. Jean Delumeau écrit un chapitre sur l’espérance chrétienne. Il note que « Le christianisme, comparé aux autres religions, a montré au cours des âges une étonnante capacité de créativité et d’adaptation aux temps, aux espaces et aux cultures. » (p.27) Et il l’a pu car il n’a jamais cherché à créer une contre culture de résistance, vu que les chrétiens n’avaient pas conscience de vivre dans une citadelle assiégée mais qu’il a cherché à affronter les défis de son époque avec quelque fois hésitation ou même rejet mais toujours finalement avec réalisme et créativité. Ce travail d’intelligence de la foi contribua à nourrir la foi. « La foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité. » (Jean-Paul II dans Fides et ratio)
Cette exigence de confronter la Bible aux sciences humaines est toujours d’actualité. Aujourd’hui, la piété risque de remplacer chez certains, les sciences exégétiques et dogmatiques qui nourrissent et fortifient la foi. Un professeur d’université catholique rencontré dernièrement dans un pays de l’Est de l’Europe me confiait son désarroi devant l’attitude de certains professeurs de séminaire et de séminaristes prônant une piété nourrie de la Parole biblique au détriment d’une réflexion dogmatique et exégétique.
Juin 2012, R. Pousseur