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Visionnaire de l'invisible
La littérature

Paul de Tarse, un homme aux prises avec Dieu
Daniel Marguerat
(Éditions du moulin - 1999 )

 

Un homme aux prises avec Dieu

 

 

Paul de TrarseDaniel Marguerat, professeur du Nouveau Testament à l’université de Lausanne, partage sa passion pour Paul de Tarse, un homme aux prises avec Dieu, livre  paru aux éditions du Moulin. Ce ‘petit’ livre jaune vaut de l’or car il interroge le lecteur sur sa propre relation à Dieu révélé par Jésus, persécuté dans ses disciples.

              Paul a eu un parcours surprenant. Cet intellectuel de haut niveau, de deux cultures, la juive et la romaine   a vécu à Tarse,  « ville carrefour, ouverte au trafic mondial, au commerce, aux échanges, aux rencontres, au brassage des idées et des religions. » (p 13) Ce juif est pharisien, laïc attaché à vivre la foi à fond en respectant scrupuleusement les prescriptions de la loi. C’est un battant et, nourri de la piété pharisienne, va combattre les chrétiens qui attentaient à l’indenté d’Israël en mettant en doute la Torah qui contient entre autres 613 commandements. Pour Paul, les chrétiens déclarant que la Loi est facultative, crée une vraie passoire entre le peuple élu et les païens.

              Elevé dans ce rigorisme, Paul va découvrir le ressuscité. Sur le chemin de Damas, Paul fait une expérience mystique : Jésus l’interroge et lui ouvre à un nouveau regard sur Dieu et sur les hommes. Daniel Marguerat  écrit que « Dieu a converti Paul. » (p 24) en ouvrant les yeux de Paul qui était devenu aveugle par sa militance pharisienne. Paul reçoit lé révélation que le pendu de Golgotha était le Fils de Dieu qui était du côté de la victime. Il comprend que Dieu n’est pas d’accord sur l’usage que les juifs ont fait de la loi. On n’est pas justifié devant Dieu par les œuvres de la Loi mais parce qu’on est aimé par Lui inconditionnellement. Il est surprenant de la part de Dieu que Paul s’est préparé à rencontrer Jésus ressuscité en combattant les disciples de Jésus. Il va découvrir sur le chemin de Damas que ce combat encouragé par les autorités religieuses de son pays l’a éloigné de Dieu au lieu de s’en approcher. A Damas, il va découvrir Jésus. « Jésus devait enseigner comme fait un peintre impressionniste, qui ne construit pas un système, mais transmet des émotions par le jeu des couleurs: couleurs claires avec les paraboles, couleurs vives avec les formules frappantes – Qui veut sauver sa vie la perdra – couleurs sombres avec l’annonce du jugement dernier. » (p 89)

Daniel Marguerat  s’intéresse à Paul pour une autre raison. Son audace missionnaire qui vient d’un lien entre l’illumination et sa vocation d’évangéliser les nations est d’une envergure sans précédent. Pour Paul, il n’y a plus ni juifs, ni païens, ni esclaves… mais des aimés de Dieu. C’est une révolution : chaque personne existe devant Dieu indépendamment de ses qualités, de son savoir faire… Pour Paul, chaque personne se sachant accueilli par Dieu tel qu’il est et vit, reçoit une indestructible estime de soi qui le rend libre de s’ouvrir à tout autre, sans être prisonnier du regard d’autrui. Daniel Marguerat  corrige bien des préjugés sur l’attitude de Paul notamment vis-à-vis des juifs et des femmes : « Hommes et femmes sont invités à vivre la vérité qui les traverse – universalisme de la grâce – sans renier le rôle particulier qui est le leur dans la création – c’est le pluralisme. » (p54).

Le protestant qu’est Daniel Marguerat est aussi passionné par Paul qui a pensé la doctrine chrétienne en exprimant avec une profondeur originale la grâce, le péché et la liberté chrétienne. « Le besoin de puissance conduit à faire de Dieu l’otage de la fidélité humaine; l’obéissance à la Loi se fait prédatrice de la grâce … » (p 65) « L’individu n’est plus défini par la place qu’il occupe dans la société – libre ou esclave, juif ou païen, homme ou femme – mais par l’espace que lui dessine la confiance en Dieu. » (p 75).

 

Pour l’auteur, « Jésus est l’homme de la campagne et de la Palestine. Paul, l’homme des villes et du grand large. De ceux deux figures, naîtra le christianisme. » (p 12)

 

 

Juin 2013, R.P.

 

 

 

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