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Visionnaire de l'invisible
La littérature

Histoire de la modernité
Jacques Attali
(Robert Laffont - 2013)

 

Tout se transforme sauf la sagesse humaine


   Jacques Attali a pour ambition de décrire l’humanité pensant à son avenir, comme le suggère le sous titre de son livre  Histoire de la modernité. Réfléchir ainsi à la modernité est pour cet érudit, d’une redoutable urgence car cette recherche doit permettre de comprendre l’idée que la société se fait de son gouvernement, ses mœurs, son art, ses modes, ses utopies.  Avant de penser à l’avenir, l’auteur propose à ses lecteurs de traquer les secrets de la condition humaine en présentant une brève histoire de la modernité. Jacques Attali cherche à « discerner la façon dont chaque groupe humain pense ce qu’il rêve de devenir, dans le temps et l’espace, en combattant ce qui lui semble lui nuire ; en valorisant ce qui est conforme à son utopie. » (p 9) 

Il décrit les sociétés primitives comme un monde qui pendant des millénaires s’est voulu répétitif de peur que tout changement soit porteur de mort. La modernité, c’était donc le retour du même. Durant des milliers d’années de l’histoire de l’humanité, l’individu ne compte pas encore. Le neuf, c’est la mort. L’art primitif a fait l’apologie de cette utopie. Mais grâce à d’immenses mutations, les premiers progrès techniques sont devenus une valeur positive car ils se mettaient au service de l’individu. L’homme est devenu précieux en soi. C’est le temps de l’Être. Pour le monde juif et hébraïque, ont fait l’apologie du nouveau et l’avenir ouvre la porte à l’immortalité en réparant le monde.

Le christianisme impose un autre regard sur l’avenir qui n’est plus ici-bas mais dans la rédemption et la Résurrection. Est moderne celui qui se dépouille de ses biens au profit de la l’Eglise. C’est la modernité de la Foi.

Puis se forme une nouvelle idée de la modernité : celle de la Raison qui mêle la liberté individuelle, droits de l’homme, rationalisme, positivisme et foi dans le progrès technique. Le moteur de cette évolution est multiple : la science, l’industrie, la lutte des classes, l’égalité ou la rationalisation. La modernité rationnelle a débouché sur la guerre. « La seconde Guerre mondiale et en particulier la tragédie de l’Holocauste (autre manifestation paroxystique de la dictature de la rationalité industrielle) montrent à beaucoup que la modernité occidentale est définitivement pervertie et que la raison peut conduire au pire. Le discours sur l’avenir ne peut donc plus être optimiste : il devient clair que l’humanité peut se suicider. » (p 139)

Jacques Attali pense que « la modernité occidentale devra être dépassée par une forme d’éthique renouvelée, laïque ou religieuse, fondée sur l’altruisme, le refus de l’égoïsme, la prise en compte du long terme dans les choix. » (p. 17) Cette modernité rassemblerait des dimensions des trois modernités précédentes, celle de l’Être, la Foi et la Raison.

              Mais le lecteur peut ressentir dés les premières pages un malaise en lisant cette histoire brillamment documentée de l’humanité à la quête de son avenir. Décrire les sociétés primitives comme un monde qui pendant des millénaires s’est voulu répétitif de peur que tout changement soit porteur de mort est plus que réducteur. Bien des aspects des sociétés primitives nous échappent actuellement. Pour ne prendre qu’un exemple, des paléontologues comme Armati s’interrogent sur l’apparition du langage symbolique et de l’art rupestre qui pour eux, restent un mystère.

Depuis que l’homme est homme, il porte en lui une soif d’être pleinement humain et cela, grâce à sa sagesse qui n’a pas évolué d’un pouce depuis que l’homme est homme. Il suffit de se remémorer l’histoire du 20ème siècle,   riche de découvertes en tous domaines mais unique dans sa capacité de violence meurtrière. Il aurait été sans doute plus instructif de déchiffrer l’histoire de l’humanité en mettant en relief comment et pourquoi, à certaines époques et dans certaines cultures, les peuples ont mis privilégié l’Être plutôt que la Foi ou la Raison. Les peuples asiatiques et africains n’ont-ils pas enrichi l’histoire humaine grâce à leur génie ? 

 

Mai 2014 – Robert Pousseur

 

 

 

 

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