Visionnaire de l'invisible
La littérature
Quand reviennent les âmes errantes
François Cheng
(Albin Michel - 2012)
Quand les trésors du cœur restent préservés
Pour écrire ce drame à trois voix avec chœur et en cinq actes, François Cheng s’est inspiré d’événements qui ont eu lieu dans la seconde moitié du troisième siècle avant notre ère.
Quand reviennent les âmes errantes chante l’amour de trois êtres. L’amour initie chacun au dialogue à cœur ouvert qui permet de s’attacher à l’autre sans le posséder mais d’autre passion que l’amour envahissent le cœur de l’homme : passion pour les richesses, le pouvoir, de la possession et de la domination. Si dans ce bas monde tout est transformation, les trésors du cœur que sont l’indéfectible amitié et l’irréductible amour restent préservés.
Gao Jian-li rencontre un musicien jouant sur un instrument à cordes qui devient son maître. Il a senti que par le langage de la musique, il pouvait dire tout ce qui en lui remuait. La musique est devenue pour lui une compréhension de la vie, l’éveil de l’âme au dessus des laideurs de ce monde et la révélation de la beauté cachée du monde. La grande affaire pour lui est entendre et faire entendre son âme qui résonne avec l’âme cachée de l’univers. Pour lui, la vie est plus tumultueuse que les rapides d’un fleuve. Il suffit d’une brèche dans la digue pour que l’inattendu s’y engouffre. Seul l’amour peut sauver l’homme.
Chun-niang est une jeune femme qui, à 21ans, a déjà été pas mal ballottée, ce qui a fait naître en elle ce doute : « Je ne saurais trop dire si c’est la vie qui m’ouvre ses bras maternels ou si c’est moi qui ouvre, confiante, mes bras à la vie. » Mais « Qui sommes-nous ? … Quelle est cette énigmatique force du désir qui nous ballotte, nous pulvérise ? Et vers quel Au-delà ? »
Comme l’écrit Bruno Frappat présentant ce drame dans le journal La Croix, « Ce livre est un joyau, une pierre précieuse et étrange posée sur nos chemins d’humanité. »
Août 2014 R. Pousseur