Réflexions sur l'Église
Lire le Prologue : L’Église au souffle de l’Esprit Saint
- 5ème lettre -
Le mal, un mystère
Le mal sévit partout et de mille manières. Il peut se présenter sous un abord subtil, séduisant ou se déchaîner effrayant, diabolique, apocalyptique. Nous savons à quel point, sous le coup d’idéologies totalitaires, a été perverti par le Mal. Nous luttons actuellement contre l’explosion du terrorisme islamiste frappant à l’aveugle. A cette violence aveugle et barbare, s’ajoutent des injustices de plus en plus criantes, les violences faites aux femmes et à des enfants, leur embrigadement forcé dans des milices crapuleuses, le drame des réfugiés chassés de leur terre, la persécution faite aux chrétiens là où ils étaient présents dès les premiers siècles du christianisme, sans compter toutes les catastrophes naturelles : séismes, sécheresses, inondations, les unes et les autres dévoreuses de vies humaines. Face à ce Mal qui sévit à l’échelle de l’humanité mais qui est tout autant capable de corrompre le cœur d’un chacun, croyants en Dieu ou non, n’ont cessé de s’interroger au long des siècles sans jamais pouvoir apporter une réponse convaincante et définitive. Pour beaucoup, le scandale du Mal constitue même l’épreuve principale de la foi en Dieu principalement le Mal qui touche injustement des innocents.
L’absurdité du Mal
Soljenitsyne a passé de nombreuses années dans un camp en Sibérie ; il y a vu des prisonniers politiques vivant dans des conditions inhumaines, souvent condamnés à mort pour avoir contesté le pouvoir politique du Kremlin. Il a fait l’expérience du Mal absolu et ses réflexions l’ont amené non pas à en faire une analyse politique mais à scruter le cœur de l’homme. Soljenitsyne raconte dans Le Pavillon des cancéreux qu’Oleg Kostoglotov, sortant de l’hôpital où il a subi les pires atrocités, découvre l’absurdité du Mal à travers un petit fait. Il se promenait dans un zoo quand il vit des passants en train de lire une affiche apposée sur une cage vide. Il se joint aux badauds et découvre à son tour l’écriteau : ‘Le singe qui vivait là est devenu aveugle par suite de la cruauté insensée d’un visiteur. Cet ignoble individu a jeté du tabac dans les yeux du macaque rhésus.’ Soljenitsyne termine son récit par une interrogation : « Pourquoi avoir eu envie de rendre aveugle un macaque ? Pourquoi donc le visiteur était-il tout simplement méchant ? » (Alexandre Soljenitsyne, Le Pavillon des cancéreux, Editions Julliard, Paris1968, p 743)
Pour Soljenitsyne, le Mal représente une réalité totalement concrète, totalement présente, une réalité qu’il ne niera jamais.
Pour beaucoup d’entre nous, le Mal reste un mystère que nous n’aurons jamais fini de découvrir et de combattre.
« C’est très grand un être humain ! »
Comment oser dire que l’amour de Dieu est plus fort que le Mal quand nous constatons la force des pulsions de mort qui habitent notre humanité et qui nous habitent nous-mêmes ? Au croyant en Dieu, est renvoyée, lancinante, la question du psaume : « Où est-il ton Dieu ? » sans que lui-même puisse toujours mettre en mots justes l’espérance qui l’habite. En ce sens, le film de Scorcèse, intitulé ‘Silence’, fait résonner la même interrogation : pourquoi ? Face à l’omniprésence du Mal et l’apparente impossibilité de s’en délivrer, la tentation serait de désespérer, mais précise Scorcèse : « Le vrai péché, c’est de ne plus espérer, de croire que Dieu ne vous écoutera jamais ».
Dans un cours récit « La traversée de la nuit » publié en 1998, Geneviève de Gaulle Antonioz témoigne sans détour et sans mièvrerie que quand il n’y a plus rien comme pour les prisonniers du camp de Dachau qui n’avaient comme horizon que les chambres à gaz, il y a encore l’amour…. « Je revois encore cette dame qui est partie devant sa fille vers la chambre à gaz le sourire aux lèvres avec un joli geste de la main. Vous savez, c’est très grand un être humain ! » Un regard furtif, un signe, une minuscule lumière, un reliquat d’âme de cette maman a illuminé leur marche vers cette mort atroce.
Partout dans le monde, au cœur des drames et des fractures de notre humanité, des hommes et des femmes n’ont toujours pas renoncé à ouvrir des chemins de vie en risquant leur propre vie.
La contribution d'un photographe
Le Mal...
Comment l'illustrer ? le montrer en image ?
Ce peut-être sous cette forme d'une tête de christ qui semble pleurer des larmes de sang...
C'est le mal des Chrétiens, pris en charge par un corps humain qui est dit Fils de Dieu.
Ce peut-être aussi pour certains l'arrivée de la Mort,
comme semble le présenter cette tête du portail de l'église d'Avallon
Ou est-ce plutôt la symbolisation du Diable.
Le Mal par excellence, dans de nombreuses religions,
quelque soit le nom qu'il lui est donné.
Ou alors la Désespérance humaine,
telle cette main qui griffe le mur, dans sa souffrance,
Et ce peut être aussi la disparition de notre demeure, la Terre,
par notre faute et notre façon de vivre sans considération pour notre environnement,
et sans que la plupart d'entre-nous, nous nous en rendions compte, ....
pour moi un peu le Mal par définition - l'effacement de l'Homme
et de ce qui fait qu'il est un être sensible et pensant !
C'est ce qu'essaie de traduire cette image intitulée Soleil noir.
Apports d’internautes
A vous la parole… envoyez-nous vos réactions par Mail