La Foi vécue en Église,
L'Eucharistie
Texte de référence
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1- L’Eucharistie, présence de Jésus
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Prologue
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- A la dernière cène, Jésus prend du pain, le rompt et dit à ses disciples : « Prenez et mangez, ceci est mon corps. » Quelle image Dieu veut-il donner de Lui dans l’Eucharistie ?
- Votre question me fait penser à une très intéressante exposition qui a eu lieu à Paris en 2012 autour de la question : Comment les hommes se représentent-ils le divin ? Au milieu de statues en bronze représentant Shiva en Seigneur de la danse, de peintures nombreuses telle que celle de Chagall représentant Moïse recevant des mains de Dieu les tables de la loi, de très belles calligraphies arabes dessinant le nom d’Allah, on découvre un homme en croix. Pour les disciples de Jésus, c’est un choc de découvrir qu’au milieu de toutes ces merveilles de la création artistique et spirituelle, c’est le visage d’un crucifié que Dieu a voulu donner de Lui.
- Je croyais que le Dieu de la Bible était le Dieu des vivants. En quoi la mort de Jésus peut-elle parler de Dieu ?
- On ne peut comprendre ni Dieu, ni Jésus si on ne regarde pas la mort en face, la sienne, celle des autres, celle de la terre, celle de Jésus.
- Vous avez l’air de soutenir qu’on ne peut comprendre l’attitude de Dieu vis-à-vis des hommes qu’à condition de regarder la mort en face ?
- De même, on ne connaît pas ce que vit réellement l’humanité si on ne fait pas face aux multiples visages de la mort que montre notre société, même si on ne peut pas réduire notre époque à cette face là. Regardons aussi les hommes, les femmes, les jeunes qui donnent une autre image de la mort : non comme une fatalité accablante, mais comme une réalité mystérieuse qu’il faut non seulement traverser mais aussi accepter de vivre auprès de la souffrance et de la mort, vivre en frères dans cette réalité. On est tellement tenté de fuir. Ils luttent pour être plus forts que la mort en créant de la solidarité, en accueillant la diversité, en s’aventurant dans des recherches scientifiques pour servir la vie, en faisant mille gestes d’amour, de respect et de justice, mais aussi en ne baissant pas les bras devant les échecs. Les rayons du soleil réchauffent et créent l’ombre.
-Quand vous regardez un crucifix, que voyez-vous ?
- Cela dépend de votre culture : pour les occidentaux, le contraire de la mort est la vie tandis que pour le monde asiatique, le contraire de la mort est la renaissance. Cela dépend aussi de vos yeux. Si vous avez des yeux d’orientaux, vous voyez Jésus en croix, habillé d’une belle chasuble d’or, signe de sa victoire sur le mal. Dans la liturgie latine, cette vision se traduit par la prière du célébrant avant la communion : « Jésus-Christ, … avec la puissance de l’Esprit Saint, par ta mort, tu as donné la vie au monde. » Jésus recommande à ses disciples d’unir le poids de leur vie à la sienne, clouée sur la croix par amour. Pour le chrétien, la croix est devenue source de vie. Mais aussi source de silence. Les évangélistes témoignent que Marie, Jean et les femmes qui ont accompagné Jésus sur le Golgotha sont restés silencieux.
- N’êtes-vous pas doloriste ?
- Vous avez raison de poser cette question. Dans sa mort, Jésus a manifesté jusqu’à son dernier souffle sa puissance d’amour. Bien qu’il ait exprimé au Père son désarroi en criant : « Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? », il a gardé toute sa confiance en le priant : « Père, entre tes mains je remets ma vie ». Ainsi, cloué sur la croix, il a su donner à sa mère un autre fils, Jean, le disciple qu’il aimait, et il a donné à Jean une mère à prendre avec lui. Jésus aussi a su accueillir celui qui était crucifié à côté de lui et pardonner à ses bourreaux… Agonisant sur la croix, Jésus a laissé la puissance de l’Esprit s’exprimer par ses gestes d’amour et de pardon. Paul, dans la lettre qu’il envoie à la communauté d’Ephèse, écrit que la mort de Jésus a été un évènement qui bouleverse de fond en comble l’humanité et l’ordre du monde: « En lui, par son sang, nous avons le rachat de nos péchés. C’est la richesse de sa grâce qui déborde jusqu’à nous. Il nous dévoile ainsi le dessein du Père : dans le Christ, mener le temps à sa plénitude et récapituler toutes choses dans le Christ, celles du ciel et celles de la terre. » (Ep 1,10)
L'Evangile de la rue: « J’ai pris cette photo un soir de pluie assez morose. |
- Vous affirmez donc que l’Esprit a été présent d’une façon extraordinaire durant la vie de Jésus jusque dans sa mort. La mort n’a-t-elle pas eu le dernier mot ?
- La puissance de l’Esprit s’est manifestée le jour de Pâques en remettant debout Jésus. La chair de Jésus est totalement et définitivement ‘enveloppée’ de la Lumière divine dans l’Esprit d’amour comme au jour de la transfiguration. L’Esprit est en personne la puissance de Dieu qui manifeste que son amour pour les hommes est plus fort que la mort. Cette puissance de l’Esprit que le célébrant prie avant la consécration rend Jésus capable d’être présent et en communion avec les hommes de tous les continents et de tous les temps.
- Aujourd’hui, dans bien des endroits du monde, la mort semble avoir le dernier mot !
- Tout dépend de l’idée que l’on se fait de la présence de Dieu dans nos vies. Comme le chante le psalmiste, l’amour de Dieu est plus grand que le cosmos. (Ps 107) Le prophète Isaïe révèle comment cet amour se manifeste dans notre monde : Dieu est présent à l’aventure humaine en faisant germer la justice à tel point que, à la grande joie de Dieu, l’humanité devient l’épousée de Dieu. (Is 41) Jésus manifeste cette présence amoureuse de Dieu en ouvrant les yeux des aveugles, en redressant les accablés et en ne faisant qu’un avec les drames humains en mourant sur la croix. Jésus ressuscité continue à manifester sa présence à l’aventure de l’humanité dans l’Eucharistie : une présence discrète dans du pain et du vin consacrés. Comme le chante Paul dans l’épître aux Ephésiens, Jésus, en nous donnant l’Esprit Saint, nous introduit au cœur même de la vie de Dieu Trinité. Nous nous sommes inspirés de cet hymne pour écrire cette prière :
Béni sois-tu, Père de Jésus Christ.
Tu nous as élus en ton Fils dès avant la fondation du monde,
pour être saints en ta présence, dans l'amour.
Tu nous a engendrés et fait de nous, toi, notre Père,
tes fils adoptifs en nous unissant à Jésus Christ.
Ton dessein commence à se réaliser sous nos yeux
car ton Fils Jésus ressuscité
entraîne tous les êtres et le cosmos vers toi.
Béni sois-tu Jésus-Christ,
toi qui es monté au plus haut pour combler tout l’univers
de la richesse de ton amour
toi qui, sur la croix, as eu le don de nous délivrer de toute servitude.
Bénis sois-tu, Esprit Saint,
toi qui as manifesté en Jésus,
une puissance d’amour et de création inimaginable.
Ta présence en nous nous remplit d’espérance et de joie.
Ta présence en nous nous donne une lumière
pour reconnaître que tu es donné à tous les hommes
Octobre 2013 Marie Madeleine Jaubert, Jn-Cl Faivre d’Arcier et R. Pousseur
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