La Foi vécue en Église,
L'Eucharistie
Texte de référence
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6 - L’acte de foi proclamé durant la célébration de l’Eucharistie |
Prologue
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L’acte de foi que les croyants proclament au milieu de la célébration de l’Eucharistie est le cœur de la vie chrétienne. Après avoir reconnu sa soif d’être délivré de son péché et avoir accueilli la Parole de Dieu, chaque fidèle, en communion avec l’assemblée, proclame sa confiance au Père créateur, au Fils, mort et ressuscité et à l’Esprit répandu sur toute chair. Quelqu’un d’extérieur pourrait avoir l’impression que l’assemblée récite une formule apprise par cœur après avoir écouté des vieux textes datant de plus de 2000 ans et qui sont rarement remis dans leur contexte par l’animateur. Et pourtant en disant ‘JE’, le fidèle exprime personnellement la foi de l’Eglise et reconnaît publiquement que toute sa vie est engagée aujourd’hui dans la confiance qu’il met en Dieu Trinité. Il proclame ainsi sa volonté de ne pas se mettre à genoux devant les idoles d’aujourd’hui que sont le culte du ‘Moi’, l’argent, le sexe, la réussite à tout prix… Le catéchisme de l’Eglise catholique définit la foi en ces termes : « La foi est une adhésion personnelle de l’homme tout entier à Dieu qui se révèle. Elle comporte une adhésion de l’intelligence et de la volonté à la Révélation que Dieu a faite de Lui-même par ses actions et ses paroles. » (n°176)
La foi est une adhésion à Dieu qui ‘se révèle’ lui-même à celui qui le cherche aujourd’hui. Le ‘’chercheur de Dieu’’ a donc pour vocation d’être toujours en marche, en pèlerinage. Au cours de l’histoire, Dieu s’est révélé de bien des façons et, principalement, par l’Ecriture et par son Fils Jésus. L’évangéliste Jean rapporte les paroles de Jésus, affirmant que celui qui a mis sa confiance en lui est déjà en route vers la lumière (12,44-46) et participe déjà à la résurrection de Jésus. (3,16).
Pour se donner ainsi en toute confiance à Dieu, l’intelligence est amenée à travailler car il faut comprendre comment cette parole de Dieu, qui s’est révélée dans le langage et dans l’histoire d’Israël, peut encore nous concerner vitalement aujourd’hui. Il faut aussi discerner, dans le bouillonnement du monde d’aujourd’hui, les signes de sa présence.
La Bible raconte que la foi qu’Abraham a mise en Dieu s’est transformée pour lui en une véritable aventure. Pour le juif, le musulman et le chrétien, Abraham est ‘’le père’’, c'est-à-dire le prototype du croyant : il a fait confiance à Dieu sans comprendre pourquoi il l’appelait à quitter son pays. Il s’est mis en marche en cherchant à comprendre les signes que Dieu lui donnait à travers les événements et les épreuves de sa longue errance.
Le prophète Isaïe précise que le chemin de celui qui cherche à répondre à l’appel de Dieu passe par le service de la justice, avec tous ceux et celles qui y travaillent dans le monde.
De même, la foi en Jésus a entraîné ses disciples dans une véritable aventure. Celle-ci a été jalonnée par des questions, aussi bien posées par les disciples : « Quel est cet homme ? » que par Jésus lui-même : « Pour vous, qui suis-je ? »
Proclamer sa foi n’est donc pas une simple récitation mais c’est une réponse personnelle à Jésus. Cette réponse exige un travail de longue haleine, un mûrissement, une mise au monde avec l’Esprit de Dieu, agissant en chacun, même quand la foi naît d’un éblouissement. Le parcours de Paul en est une lumineuse illustration. Jésus ressuscité, l’a saisi sur le chemin de Damas, en lui posant cette simple question : « Pourquoi me persécutes-tu ? » Paul a demandé à cette voix : « Qui es-tu, Seigneur ? » Et la voix lui a répondu : ‘’Je suis Jésus, c’est moi que tu persécutes’’ (Ac 9). Pour approfondir ce bref et étrange échange, Paul à dû longtemps réfléchir, prier, puis être éclairé par Ananie et la communauté de Damas. Sa réponse à Jésus a été d’accepter l’appel de la communauté d’Antioche à consacrer toute sa vie à Jésus et à l’évangélisation du monde païen.
Aujourd’hui, les croyants en Jésus sont toujours en recherche car ils ne peuvent connaître Jésus que par le témoignage de quatre évangélistes et par la Tradition de l’Eglise. Chaque évangéliste, selon son expérience et la communauté dans laquelle il était inséré, a témoigné que la vie et la personne de Jésus sont d’une richesse inépuisable. Pourtant, Jésus est resté un mystère difficile à comprendre pour eux. Par deux fois au moins, ils ont été profondément choqués et meurtris par Jésus. D’abord, quand il a dit à la foule « Celui qui mange ma chair et boit mon sang à la vie éternelle… » (Jn 6,51). Comment dépasser le côté anthropophage de cette parole ? Et ensuite, quand il a décidé de faire face à la mort, en incarnant le visage défiguré du Serviteur souffrant prophétisé par Isaïe.
"Cette photographie a été prise sur la ligne 6 du métro, à la station "St Jacques".
Dans ce texte et pendant la réalisation de mon projet photographique, j'ai été inspirée par le thème du pèlerinage, car je pense que le trajet quotidien peut prendre la forme d'un voyage initiatique".
Katia Ginguené
A la célébration Eucharistique, c’est un peuple en recherche, en pèlerinage qui proclame la foi de l’Eglise. Comme le chante le psaume 9, 11 : « En toi, Yahvé, se confient ceux qui connaissent ton nom mais tu n’abandonnes point ceux qui te cherchent. » Une part de chacun ose dire : « Jésus, je crois en toi » et une autre part de chacun continue d’interroger Jésus : « Jésus, qui es-tu ? Je te cherche… »
L’acte de foi qui engage tout notre être.
Merci à cet ami prêtre qui a accepté de témoigner.
Pour dire quel est mon acte de foi aujourd’hui, il m’a fallu faire un retour en arrière de plusieurs années pour parvenir à définir les contours d’une lumière qui a été souvent voilée par des moments de doute et d’obscurité. Pourtant, ma foi a été nourrie par une rencontre forte de Jésus et de son Evangile. Mais je ne cache pas que ma foi a été nourrie par des moments de désert, des temps de cris, d’attente, de passage à vide, de doutes, de soif… Actuellement, mon acte de foi peut se formuler ainsi :
‘Pour moi, Jésus est le Vivant,
Celui qui a donné sa vie par amour,
Celui que le Père a relevé d’entre les morts
Celui qui fait don son Esprit à tous les hommes
Celui qui révèle à l’humanité le sens de son histoire.’
Après avoir vécu d’innombrables moments de partage avec des personnes bien différentes par le milieu ou le pays d’origine, par les convictions philosophiques, politiques ou religieuses, rencontrées en France ou à l’étranger, j’avais pris l’habitude de reprendre ces échanges à la lumière de la Parole de Dieu transmise par la Bible et en partageant mon expérience avec d’autres prêtres. Avec eux, je puis dire ce qui suit : nous avons découvert combien la personne de Jésus-Christ donnait un sens extraordinaire à cette vie partagée. En nous donnant son Esprit Saint, parce qu’Il nous aime chacun personnellement, Jésus a enraciné notre foi au Dieu notre Père ‘’Créateur du ciel et de la terre’’ qui confie sa création à l’Homme en l’appelant à accomplir l’œuvre créatrice avec lui.
En partageant l’histoire fabuleuse et pleine d’inventivité de nos contemporains dans tous les domaines de leur vie, que ce soit d’une façon créatrice et épanouissante ou dans une folie destructrice et dramatique, nous avons découvert - et souvent avec eux - que Jésus-Christ nous est toujours resté fidèle, qu’Il a toujours respecté notre liberté et qu’Il nous aime toujours pour nous-mêmes. Jésus est pour nous un homme extraordinaire qui éclaire notre vie et celle de ceux qui nous entourent, même s’ils ne s’en rendent pas compte ou refusent cette lumière. Nous croyons en Jésus, cet homme juif de Palestine, qui s’est nourri de la parole des prophètes qui l’ont éclairé pour vivre la mission que le Père lui a confiée : nous libérer de l’idolâtrie aux mille visages, sans cesse renaissante comme une hydre du mal semblant augmenter en proportion des efforts faits pour le combattre. Pour réaliser cette mission, Jésus a combattu le mal notamment dans le domaine religieux. Ce mal s’est révélé à Jésus par la dureté du cœur des hommes religieux. Détenant le pouvoir d’interprétation et d’enseignement, ils avaient fait de la Loi de Moïse un dogme intouchable, décliné en une multitude de préceptes qu’ils imposaient aux autres. Par leur attitude hypocrite, beaucoup d’entre eux n’hésitaient pas à se compromettre avec l’occupant pour garder leur notoriété et éliminer ceux qui les contestaient... C’est un combat que nous continuons à mener, contre nous-mêmes et contre certaines pratiques de notre Eglise. Souvent à nos dépends, nous avons appris que suivre Jésus peut amener à devenir rebelle et à en subir les conséquences.
Pour nous, ce que Jésus a apporté à l’humanité se révèle d’une façon lumineuse dans ses rencontres avec les personnes qui vivaient aux ‘frontières’ de son peuple, comme la femme de Samarie (Jn 4), les lépreux (Lc 17/11) ou la femme adultère (Jn 8). Accueillant leur faiblesse, il leur a répondu en leur donnant la force de vivre debout. Avec la puissance de l’Esprit Saint, lors de son arrestation et son exécution, il a semé son amour et le pardon de Dieu dans les plus obscures ténèbres des hommes. Après son exécution, nous croyons le témoignage des Apôtres, affirmant que Jésus, portant les traces de sa passion, est revenu parmi eux et qu’il est maintenant près de son Père qui l’a remis debout. Pour nous, l’amour est toujours plus fort que la mort. « L’amour de Yahvé envers nous s’est montré le plus fort… » (Ps 116)
Par sa résurrection, Jésus inaugure une nouvelle façon d’aimer en ‘répandant sur toute chair’ la force de l’Esprit Saint, l’Esprit d’amour mutuel, invitant à découvrir combien le Père, le Fils et l’Esprit s’aiment. C’est bien pour cela que Jésus a précisé à ses apôtres : ‘Lavez-vous les pieds les uns aux autres.’ (Jn 13,14) et non pas : ‘lavez les pieds des autres’. De même, dans l’Evangile nous ne trouvons pas ce commandement : ‘Aimez les autres’ mais ‘Aimez-vous les uns les autres.’ (Jn 15,12). Ces paroles de Jésus sont fécondes : elles sont la source de la fraternité sans frontières à laquelle Jésus appelle tous les hommes. Elles ont changé radicalement notre regard sur les autres, notre façon de travailler en Eglise. En nous appelant à aimer à sa façon et à mettre nos pas dans les siens, même quand il porte sa croix et qu’il crie à son Père : ‘Pourquoi m’as-tu abandonné ?’.
Jésus a donné un sens extraordinaire à notre vie d’homme et de prêtres. Pour nous, qui présidons aux célébrations eucharistiques, nous croyons que Jésus ressuscité est vraiment présent, non seulement dans le pain et le vin consacrés, mais aussi quand il nous parle dans la Bible et quand nous nous faisons proches des autres : « Ce que vous faites à l’un de mes frères, c’est à moi que vous le faites. » (Mt 25/40)
Nous espérons que tous ces milliards de gestes d’amour, de recherches de la vérité, de combats pour la justice ensemencées dans l’histoire des hommes, se révèleront germes d’enfantement d’un monde nouveau, sans limites ni d’espace ni de temps. Nous croyons que ce jour ressemblera à un repas de noces, unissant Dieu-Trinité avec l’humanité toute entière, car Dieu sera ‘tout en tous’. (1 Cor 15, 28)
Nous serons heureux d’accueillir sur notre site ceux et celles qui s’aventuraient à écrire leur foi qui a transformé leur vie de tous les jours.
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