La Foi vécue en Église,
L'Eucharistie
Texte de référence
7 - Pourquoi la prière eucharistique ne s’adresse-t-elle pas à Jésus ? |
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- Le célébrant débute la prière eucharistique en rendant grâce à Dieu le Père par Jésus Christ. Pourquoi le célébrant ne prie t-il pas directement Jésus qui va se rendre présent ? Est-ce important de se poser la question de savoir qui est au centre de l’Eucharistie : le Père ou Jésus ?
- Votre question permet de rappeler que la prière eucharistique ne s’adresse qu’à Dieu, le Père de Jésus et de l’humanité. Il suffit de lire la prière eucharistique n° 2, la plus ancienne, inspirée par la prière eucharistique d’Hippolyte de Rome (vers 250 de notre ère) pour s’en convaincre. Le célébrant prie le Père qui est vraiment saint et source de toute sainteté. Il prie le Père de répandre son Esprit sur les offrandes offertes par les fidèles, le blé et la grappe de raisin travaillés par les hommes, pour qu’elles deviennent le corps et le sang de Jésus donnant sa vie pour le salut de l’humanité. Après la consécration, le célébrant offre au Père le pain de la vie et la coupe du salut. Il demande ensuite que les hommes, aient part au corps et au sang du Christ et soient rassemblés par l’Esprit Saint en seul corps, une seule famille. Le célébrant continue la prière en demandant au Père de se souvenir de son Eglise répandue à travers le monde, des frères et sœurs défunts pour, qu’avec les saints, tous aient part à la vie éternelle. Avant d’inviter l’assemblée à prier ensemble le Père, le célébrant rappelle que c’est avec Jésus-Christ, ne faisant qu’un avec lui, que tous se tournent vers le Père.
- Dans ce contexte, la prière du ‘Notre Père’ ne prend-t-elle pas alors une dimension insoupçonnée ?
- Nommer Dieu ‘notre Père à tous’ semble aller de soi pour certains. Pourtant s’adresser au Père par Jésus ressuscité peut poser question à ceux et celles qui croient en Dieu mais doutent de la résurrection des morts. L’Eucharistie provoque aussi le célébrant et l’assemblée à croire à la puissance de l’Esprit, capable de l’unir tellement profondément à Jésus-Christ que sa propre prière à son Père devient la prière de l’assemblée.
- Pour participer à l’Eucharistie, faut-il être au clair quant à notre foi en Dieu Trinité qui nous aime comme un Père, en Jésus venu nous arracher à nos ténèbres, et en l’Esprit qui inscrit au plus profond de notre être la Parole de Dieu ?
- Les prophètes ont éclairé cette question. Pour eux, croire en Dieu tel qu’Il s’est révélé à son peuple a été une histoire humaine et spirituelle bien mouvementée. Les fidèles ne sont pas mis devant une doctrine à croire mais sont appelés à participer à une véritable aventure humaine et spirituelle avec Dieu. Pour le prophète Jérémie, la foi en Dieu est source de bien de questions et, au nom de Dieu, il a reproché aux prêtres de ne pas se poser la question : « Où est Yahvé ? » (2,8). Aussi, quand on aborde le mystère de l’Eucharistie, il est sain de se poser la question : Dans quelle aventure Dieu le Père entraîne-t-il l’humanité ?
Dans les transports en commun, la lecture éclaire de nombreux voyageurs pendant leur trajet. Souvent on voit des personnes commencer leur journée à la lumière des textes sacrés
Katia Ginguené
- En racontant combien la parole de Dieu a constamment provoqué les hommes à poursuivre leur aventure avec Dieu, la Bible ne révèle-t-elle pas le sens de cette aventure ?
- Vous avez une bonne intuition. Retenons ici simplement quelques faits qui illustrent cette aventure.
Un narrateur met en scène Abram qui a fait une expérience spirituelle originale : il ne s’est pas tourné pas vers l’idole de sa tribu pour que se réalise ce dont il rêvait pour son clan mais il a entendu une voix qui lui disait de quitter son pays pour aller vers une terre inconnue, en lui promettant d’être père d’une multitude alors que sa femme et lui-même étaient âgés. Cette expérience spirituelle de son Dieu va se transformer en vie spirituelle. Car, en quittant sa terre, il fera l’expérience que son Dieu n’habite pas un territoire mais l’accompagne tout au long de son périple. Abraham n’a jamais vu le visage de Dieu mais sa voix et sa présence seront tellement fortes qu’il parlera à Dieu comme à un ami.
Dieu délivre son peuple de l’esclavage en appelant Moïse à réaliser cette délivrance. Le narrateur biblique va écrire cette histoire comme une épopée extraordinaire où Dieu a le premier rôle. Ces images vont tellement marquer le peuple qu’il traduira cette délivrance par un rite célébré annuellement : tous les ans, à la fête de Pâque, au cours d’un repas festif, le souvenir de cette délivrance est célébrée par une prière d’action de grâce, suivie de la manducation du pain sans levain rappelant le départ précipité d’Égypte et d’une libation de vin exprimant à Dieu la joie d’être délivrés de tout esclavage. Moïse demandera à son peuple de suivre les 10 commandements, en signe de réponse à l’initiative du Dieu unique, et d’avoir une vie ‘juste’.
Le prophète Elie vit des moments difficiles avec son peuple qui met sa confiance dans des idoles. Il monte sur une montagne pour rencontrer Dieu et demande à le voir. Dieu lui répond qu’il va passer devant lui et qu’il ne pourra le voir que de dos. Mais Dieu ajoute qu’il pourra découvrir sa présence dans le cœur de tous ceux et celles qui lui sont restés fidèles. Elie, aveuglé pas son pessimisme, n’avait pas pu les découvrir.
Le prophète Isaïe, ou l’un de ses disciples, annonce que ce n’est pas un nouveau Moïse qui viendra délivrer le peuple de Dieu de l’exil mais un païen, le roi Cyrus, qu’il ose appeler ‘serviteur de Dieu’. Dans cette perspective, il annonce aussi que l’envoyé de Dieu sera lui aussi un serviteur de Dieu mais en précisant qu’il sera un Serviteur souffrant, condamné à la torture par la violence des hommes.
Quant au prophète Osée, il va exprimer l’aventure de Dieu avec son peuple à travers sa propre vie de couple. Il se marie avec une prostituée, comme Dieu fait alliance avec un peuple infidèle qui préfère se tourner vers des idoles plutôt que de lui faire confiance. Osée (2,16). Il exprimera à sa façon l’attitude de Dieu avec les hommes, en appelant Dieu : ‘Mon mari’ et son premier enfant : ‘Dieu sème.’
- Cette image de Dieu qui sème n’a-t-elle pas été reprise par Jésus quand il a parlé de la moisson avec ses apôtres, après sa rencontre avec la samaritaine ?
- Oui, Jésus a repris cette image du semeur car, pour lui, elle correspondait bien à la façon dont Dieu accompagne les hommes. Dés la naissance de l’humanité, Dieu a semé dans sa création des semences de justice et de vérité. Il l’a fait en respectant la responsabilité des ‘cultivateurs’. Dieu devait profondément les aimer car les hommes et les femmes se sont révélés intelligents et ingénieux, fragiles, féroces… tout au long de l’histoire de l’humanité. Au cours de l’histoire du peuple hébreu, l’amour et la tendresse de Dieu ont pris de plus en plus de place tandis que sa parole créatrice s’est faite plus discrète et a laissé de plus en plus de place à la liberté et à la responsabilité de l’homme.
Il faut aussi souligner que Dieu s’est révélé de plus en plus intime à l’homme. Avec Moïse, les commandements de Dieu étaient inscrits sur les tables de la loi. Avec Jérémie, elles seront inscrites dans le cœur de l’homme : « Je déposerai mes directives au fond d’eux-mêmes, les inscrivant dans leur être. » (Jr 31, 33). Auparavant, le prophète avait précisé au nom de Dieu : « Ma parole est en toi… ma vie est en toi… Je veille sur ma parole pour l’accomplir (Jr 1, 10 -12)
- Quelle est alors la place de Jésus dans cette aventure ?
- Comme l’écrit l’évangéliste Jean au début de son évangile, le verbe de Dieu a vécu toute cette aventure avec le Père. Jésus, la Parole de Dieu faite chair, a une expérience tellement intime avec son Père qu’il l’appelle ‘Abba’, c'est-à-dire ‘papa’. Il nous introduit dans l’intimité de son Père en nous invitant à appeler Dieu ‘Notre Père’. Il ira même plus loin en disant ces paroles étonnantes que nous rapporte Matthieu : « Soyez parfait comme votre Père céleste est parfait. » (Mt 5,43) L’aventure de Dieu avec les hommes racontée dans la Bible nous révèle que Dieu le Père est parfait car il est amour sans limite pour l’humanité. Comment les hommes peuvent-ils être aussi parfaits que Lui ? L’adjectif ‘’parfait’’, en grec, vient d’un mot qui désigne la fin, le but. Etre parfait, malgré nos insuffisances, c’est regarder vers le but final que Dieu propose à tous les hommes. Lui qui fait lever le soleil sur les bons et sur les méchants, invite tous les hommes à rejoindre l’image de son Fils, Jésus le Christ qui a pardonné même à ses ennemis. Ce qui nous est demandé, c’est de regarder tout homme comme un être en marche vers ce but. Tous sont aimés et appelés à devenir fils en répondant à l’amour sans limite de Dieu. Et c’est notre propre pardon qui est requis pour les mettre en route.
Paul, qui a eu une expérience originale de Jésus ressuscité, écrit que, depuis cette rencontre, ce n’est plus lui qui vit mais que c’est Jésus qui vit en lui. Être parfait comme Dieu le Père, c’est possible en communiant au corps et au sang de Jésus. En accueillant ainsi Jésus, il ne fait qu’un avec celui qui l’accueille, il unit l’amour humain à l’amour sans limite de son Père. L’Eglise célèbre cette vie nouvelle en mettant le Père au cœur de la prière eucharistique. Avec Jésus, en lui et par lui, les hommes parviendront au terme de cette aventure de Dieu avec l’humanité, quand la terre sera devenue une couronne brillante dans la main du Père. On n’appellera plus cette terre ‘Désolation’ mais ‘l’épousée’ de Dieu’. Comme la fiancée fait la joie de son fiancé, tu seras la joie de ton Dieu. » (D’après Is 61 – 62)
- Quelle est la place de Jésus dans cette aventure ?
- Comme l’écrit l’évangéliste Jean au début de son évangile, le verbe de Dieu a vécu toute cette aventure avec son Père. Jésus, le la Parole de Dieu faite chair, a une expérience tellement intime avec son Père qu’il l’appelle ‘Abba’, c'est-à-dire ‘papa’. Il nous introduit dans l’intimité de son Père en nous invitant à appeler Dieu ‘Notre Père’. Il ira même plus loin. L’évangéliste Matthieu rapporte ces paroles étonnantes de Jésus : « Soyez parfait comme votre Père céleste est parfait. » (Mtt 5,43) L’aventure de Dieu avec les hommes racontée dans la Bible nous révèle que Dieu le Père est parfait car il est amour sans limite pour l’humanité. Comment les hommes peuvent être si parfait que Lui ? Paul, qui a eu une expérience originale de Jésus ressuscité, écrit que depuis cette rencontre, ce n’est plus lui qui vit mais que c’est Jésus qui vit en lui. Être parfait comme Dieu le Père est possible en communiant au corps et au sang de Jésus. En accueillant ainsi Jésus, il ne fait qu’un avec celui qui l’accueille, il unit l’amour humain à l’amour sans limite de son Père. L’Eglise célèbre cette vie nouvelle en mettant le Père au cœur de la prière eucharistique. Avec Jésus, en lui et par lui, les hommes vont au terme de cette aventure de Dieu avec l’humanité, quand la terre sera une couronne brillante dans la main du Père. On ne dira plus de la terre ‘Désolation’ mais ‘l’épousée’ de Dieu’. Comme la fiancée fait la joie de son fiancé, tu seras la joie de ton Dieu. » (D’après Is 61 – 62)
Nous serons heureux d’accueillir sur notre site ceux et celles qui s’aventuraient à écrire leur foi qui a transformé leur vie de tous les jours.
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