Page de synthèse sur La Foi vécue en Église


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Les paroles de Jésus ‘Ceci est mon corps, prenez et mangez.’
a provoqué une ‘’révolution’’ culturelle et spirituelle.


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Avec l’humanité, l’Esprit Saint enfante un monde nouveau






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La Foi vécue en Église


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Foi vécue en Église,
L'Eucharistie

Texte de référence

 

Pour une création nouvelle - © Virginie Lecomte

9 - A sa suite, Jésus envoie ses disciples révolutionner le monde

 

 Prologue
Vers le 1er chapitre
 Vers le 2ème chapitre
 Vers le 3ème chapitre
 Vers le 4ème chapitre
 Vers le 5ème chapitre
 Vers le 6ème chapitre
 Vers le 7ème chapitre
 Vers le 8ème chapitre

 Vers le 10ème chapitre

 

- 2ème partie

 - Se préparant au baptême, Noémie lit pour la première fois l’évangile de Marc en entier. Sa première réaction fut un étonnement, voire une incompréhension : pourquoi Jésus demande à celui qu’il a guéri de garder le silence sur ce qui s’est passé… et cette scène se produit plusieurs fois. Elle ne comprend pas pourquoi Jésus cherche à rester si discret sur son identité.
- Jésus avait prévenu ses apôtres qu’ils ne pourraient le connaître en vérité qu’après sa mort violente et sa sortie glorieuse du tombeau. Les évangélistes notent que les apôtres ne comprenaient pas ce que Jésus leur disait car les paroles de Jésus leur paraissaient bien mystérieuses.

- Est-ce que Noémie ne risque pas d’avoir la même réaction en assistant à la messe ? Le catéchisme de l’Eglise catholique précise que la transformation du pain en corps du Christ est ‘vraie, réelle, substantielle’. Si Jésus perpétue sa présence aux hommes dans le sacrement de l’Eucharistie, pourquoi veut-il rester silencieux ? 
- Cette présence est certes silencieuse mais elle était parlante pour les disciples de Jésus après sa résurrection et le don de l’Esprit-Saint. Jésus a institué ce sacrement à la fin du repas pascal durant lequel la famille partageait un pain sans levain. Ce rituel leur rappelait que Dieu était intervenu pour délivrer son peuple de l’esclavage.  A la dernière cène, Jésus a donné une nouvelle dimension à ce rituel. En rompant le pain et en prononçant : ‘Ceci est mon corps…’, Jésus voulait signifier que l’aventure de Dieu avec son peuple se poursuivait, mais d’une manière différente. Alors que Moïse emmenait son peuple loin d’une terre d’esclavage, le Fils de Dieu, vainqueur de la mort,  désire venir lui-même en l’homme pour l’associer à sa victoire sur le péché qui rend le cœur de l’homme esclave d’idoles innombrables. Jésus veut poursuivre l’aventure de son incarnation avec ses disciples ; c’est-à-dire manifester l’amour de Dieu, remplir toute la création de sa présence et annoncer son retour. Jésus, qui a pris du blé travaillé par les paysans et des grappes de raisins travaillées par des vignerons, veut faire signe que toute la création est impliquée dans cette aventure.

- L’Eucharistie est parlante pour ceux et celles qui sont au fait de l’histoire du peuple juif.  Mais aujourd’hui, nous vivons dans un autre contexte historique et culturel : nous ne croyons que ce que l’on peut voir et vérifier. Or, dans votre site, vous citez souvent Raimon Panikkar, de père indien et bouddhiste, qui nous reproche à nous, occidentaux, de ne regarder la vie qu’avec nos deux yeux. Est-ce que la spiritualité orientale peut nous apporter un secours pour mieux pénétrer le mystère de l’Eucharistie avec notre troisième œil ouvert à l’invisible, au mystère ?
- A la messe, les disciples de Jésus sont appelés à vivre cette célébration avec leur ‘troisième œil’, avec leur foi. Thérèse de l’Enfant de Jésus, docteur de l’Eglise, avait ce regard de foi sur l’Eucharistie. Elle a bien conscience de cette discrétion de Jésus quand elle s’adresse à lui dans le poème 17: « Tu vis pour moi, caché dans une hostie. » Pour elle, l’abaissement de Dieu s’est réalisé dans l’incarnation du Fils de Dieu, dans sa passion et sa mort sur la croix et cet abaissement se poursuit dans la célébration de l’Eucharistie : « Divin Jésus, voilà bien la dernière limite de ton amour. Après avoir rendu visible aux  faibles créatures ta Face adorable…  tu veux te cacher sous un voile plus épais encore qui celui de la nature humaine… Mais, Jésus, je vois rayonner dans l’hostie la splendeur de ton visage. » Thérèse est fidèle à la tradition de l’Eglise qui croit en l’action de l’Esprit qui illumine ses disciples afin que chacun découvre, avec sa sensibilité propre, la splendeur du visage de Jésus. Les quatre évangélistes n’ont-ils pas transmis leur admiration pour Jésus, chacun façonné par une culture différente.

- En quoi la résurrection de Jésus et le don de l’Esprit-Saint ont modifié l’image que les disciples  se faisaient de Jésus ?
 - Les disciples de Jésus, qui ont été témoins de sa vie, ont relu son existence à la lumière du geste créateur du Père qui a expulsé Jésus du tombeau. Pour eux, tous les gestes de Jésus ont été relus à la lumière de cet événement : les paroles et les actes de Jésus ont été compris par eux comme  les germes d’un monde neuf, créé par le Père et délivré de toutes les  idoles  que sont l’amour de l’argent, la domination sur les autres, l’amour de soi excluant les autres, l’exploitation inconsidérée de la nature sans tenir compte de la survie de l’humanité… et finalement, de la mort.
La femme adultère, non condamnée par Jésus, qui la renvoie dans son milieu, en lui demandant de ne plus pécher, ne s’est-elle pas sentie appelée à créer de nouveaux liens là où elle habite, ce qui n’a pas dû être évident pour tous ? Jésus, en refusant de discuter avec sa famille, scandalisée par son comportement, proclame que sa véritable famille est composée par ceux qui font la volonté du Père : ne créé-t-il pas ainsi, sur d’autres bases que le sang, une nouvelle humanité solidaire ? En se laissant approcher par des lépreux et les guérissant, ne crée-t-il pas une société qui n’exclut plus ? Les paraboles du père qui attend le retour de son fils, du riche qui ne partage rien d’autre avec le pauvre que les miettes qui tombent de sa table, ne préfigurent-elles pas un monde où Jésus sauve l’homme de ses maux que sont l’hypocrisie, l’injustice et l’égoïsme ? Jean n’hésite pas à décrire, dés le début de son évangile, la violente colère de Jésus contre ceux qui font de la demeure de Dieu, un lieu de commerce, de vol et de mensonge, ce qui l’amènera à proclamer que, dorénavant, c’est lui qui est le temple de Dieu. L’auteur de l’apocalypse a la vision du royaume futur : il sera comme une ville sans temple.  Jésus a  « remplit toute la création. » (Ep 4,10) de la présence de Dieu par son sens de la vérité, de la justice et par son amour pour tout homme, avec un sens aigu du respect de la liberté et de la conscience de chacun. En découvrant le mystère de Jésus ressuscité, solidaire de ses disciples qu’il cherchait à détruire, Paul a vite compris qu’il avait entre les mains une véritable bombe révolutionnaire.

De la série Métro d'Ekaterine Ginguené"A l’image de Jésus qui a choisi pour disciples des hommes « ordinaires »,
ce texte nous rappelle que chaque personne peut à son échelle, même par un geste anodin, initier des changements significatifs.
Le simple sourire d’un voyageur peut donner une couleur nouvelle à ma journée".

Ekaterina Ginguené

- Un évêque africain d’un diocèse en proie à la guerre civile, m’a un jour confié qu’il souhaitait qu’il y ait moins de pratiquants à la messe du dimanche mais plus de pratiquants de la justice et de l’amour durant la semaine. Comment réagissez-vous à ce souhait ?
- L’Évêque souhaitait que ses diocésains ne voient pas que le mal qui blesse son peuple et n’aient dans le cœur qu’un esprit de vengeance. L’Eucharistie nous apprend à recevoir certains faits comme des signes, à travers lesquels on découvre la présence de l’invisible. Certains, parmi ceux et celles qui ont assisté à la mise en croix de Jésus, ont perçu l’invisible. L’évangéliste Jean ne décrit pas l’horreur qu’est une crucifixion mais l’amour de Jésus qui pardonne, qui écoute et répond à un crucifié qui le supplie, qui veille à l’avenir de sa mère en la confiant à son ami, alors que, dans l’indignité la plus totale, Jésus souffre le martyr.

- Cette façon de percevoir la réalité n’est-elle  pas sujette à caution ?
- Ce qui est très étonnant, c’est que ce troisième œil qui sait voir l’invisible n’est pas l’apanage des disciples de Jésus. Le centurion qui veillait à l’exécution des sentences a regardé Jésus mourir sur la croix et a dit : « Sûrement, cet homme était juste. » Michel Serres, philosophe, rappelait l’autre jour dans une émission de France info que, à une époque où seule la vérité scientifique fait autorité, les découvertes de la science sont en continuelle évolution tandis que le regard admiratif sur les œuvres d’art n’évolue pas. Pourquoi les peintures murales de la grotte de Lascaux  attirent-elles aujourd’hui des touristes du monde entier ? Ces œuvres sont des signes visibles de l’invisible que ces artistes ont créé, signes accessible à tous, quelle que soit leur culture. Il est vrai que nous avons besoin de ce regard-là dans notre vie de tous les jours. Les amoureux découvrent bien vite que leur bien-aimé reste et restera toujours un mystère pour eux. Quand ils acceptent enfin que quelque chose chez l’aimé lui échappera toujours,  leur amour prend alors une dimension insoupçonnée. Les parents ne sont-ils pas amenés à faire cette expérience en regardant leurs enfants grandir ? Pour éviter de prendre des personnes au travail comme des machines, ne faut-il pas éviter de les regarder uniquement avec deux yeux ?

- Pendant plusieurs siècles, la croix n’a été ni sculptée, ni peinte, tellement ce signe était infamant pour tous. Comment la regarder aujourd’hui ?
- Quel que soit l’artiste qui sculpte ou peint une croix, elle restera toujours répugnante. Et pourtant, l’Eglise tient à ce que, dans les églises où est célébrée la messe, la croix soit  au centre du chœur de l’Eglise. Participer à l’Eucharistie avec la croix sous les yeux, provoque les disciples de Jésus ressuscité à regarder, avec les yeux de Jean l’évangéliste ou ceux du centurion, tous les hommes, toutes les femmes et tous les enfants, quelles que soient leur situation, leur histoire, leur culture, leur handicap, leur passé, leur fragilité. Si les hommes avaient ce regard-là les uns sur les autres, est-ce que cela ne changerait pas profondément leur vie commune ?
La participation au sacrement eucharistique n’est, pour les disciples de Jésus, ni une expérience spirituelle qui rend la vie ‘zen’, ni une parenthèse dans une vie bousculée, ni un rappel des valeurs à défendre, encore moins l’attente d’un miracle divin. Elle est un appel à découvrir que, dans la vie de tous les jours, une semence de résurrection est jetée dans le cœur de chaque homme, signe que Jésus s’unit à chacun. Chercher à découvrir cette semence, et servir ces germes de résurrection au cœur de chaque personne, cela peut engendrer une vraie révolution spirituelle et culturelle.

 

 

Juin 2014 - Ekaterina Ginguené, Marie-Madeleine Jaubert,  Jean-Claude Faivre d’Arcier, R. Pousseur

 


 

 Prologue
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